GÉRONE : LE PARADIS DU VÉLO DE GRAVELLE

Texte et photos par Audrée Vaillancourt

Novembre est toujours un mois difficile pour moi. On passe rapidement de la frénésie de l’été à la monotonie de l’automne. Fidèle à mes habitudes, j’étais donc à la recherche d’une destination avec une météo plus clémente pour m’accueillir à vélo le temps que l’hiver prenne sa place au Québec.

J’avais envie de pédaler, de ne pas casser la tête et je n’avais pas beaucoup de temps pour organiser un voyage de bikepacking, qui demande plus de préparation. J’avais entendu parler de Girona – Gérone en français - comme étant un paradis du vélo de gravelle. N’étant encore jamais allée en Espagne, j’étais bien emballée par cette destination ensoleillée ! Cela présentait aussi une destination sécuritaire pour partir seule et je pouvais le faire sans louer de voiture, un avantage économique important.

PARTIR À L’AVENTURE, SEULE

C’est dans cet esprit d’aventure que je suis partie, 2 semaines, seule avec mon vélo. Sans organisation particulière, sauf une chambre pour 8 nuits dans un AirBnB partagé. Je mentirais si je disais que partir seule ne me procure aucun stress. C’est l’inconnu ! En plus de ne pas savoir si l’on aura de la compagnie, on ne peut plus se fier sur quelqu’un d’autre, toutes les décisions reposant sur nous-même. Il y avait aussi la barrière linguistique qui me causait un certain stress, me débrouillant un peu en espagnol, mais en restant toutefois limitée. Première nouvelle, à Girona, les gens parlent surtout catalan, bien que tous connaissent l’espagnol.

Avec la popularité grandissante du gravel bike, Gérone s’est fait rapidement connaître comme une destination renommée de cette nouvelle discipline. De la campagne, aux plantations, aux magnifiques villages européens, en passant par la montagne ou la plage, les paysages y sont magnifiques et variés. Bien que ce ne soit pas à des altitudes élevées, le dénivelé permet de rassasier tout bon grimpeur !

Reconnue pour le vélo de route, Gérone reçoit chaque année de nombreuses équipes professionnelles qui y tiennent des camps d’entraînement. Lance Armstrong a popularisé cette destination cycliste où il avait une résidence. Étant tout près de la France, il s’y préparait pour le Tour de France ( en restant aussi un peu plus à l’abri des contrôles anti-dopage de l’époque).

EXPLORER LES CAMPAGNES RURALES

L’évolution de la technologie m’a permis ce type voyage d’exploration, sans guide. Avec l’application Ride with GPS, j’ai pu télécharger dans un GPS des tracés qui m’avaient été recommandés. J’ai aussi utilisé l’application Gaïa pour avoir une carte globale dans mon cellulaire (et un chargeur pour ne pas me retrouver complètement perdue si je perds la technologie !)

Bien sûr, pour partir seule, il faut aimer l’aventure et se faire confiance. Cependant, les possibilités sont infinies ! La navigation avec un GPS était assez nouvelle pour moi, ma plus grande difficulté a été de trouver mon chemin pour sortir de la ville et de débuter le parcours !

Les matins étaient plus frais avec des températures près de 10 degrés Celsius en avant-midi, pour se réchauffer autour des 18-20 degrés en après-midi, dont quelques journées jusqu’à 25 degrés.

APPRENDRE À MIEUX SE RAVITAILLER

J’ai dû ajuster ma façon de me ravitailler convenablement en eau et en nourriture. Je m’imaginais pouvoir arrêter dans des mignons petits cafés à chacune de mes sorties, mais ce n’est pas toujours la réalité des parcours de gravelle. Surtout lorsqu’on choisit des sentiers plus montagneux comme celui de Rocacorba, où une montée de 800 m de dénivelé positif sur environ 10 km t’attend!

Après quelques sorties à avoir un peu trop faim ou un peu trop soif, j’ai finalement appris ma leçon et su utiliser chacune des poches de mon maillot de vélo. Je partais avec un sandwich, une pâtisserie et parfois une 3^e gourde dans mon maillot.

VIVRE DES RENCONTRES RICHES

J’ai rapidement fait des connaissances dans mon voyage. À mon arrivée, j’ai abordé un couple d’américains qui avait un sac de transport de vélo dans l’autobus entre Barcelone et Gérone. Nous nous sommes rapidement revus pour des sorties à vélo, des verres de vins ou de vermouth et des tapas. J’ai aussi été mise en contact avec Julie, une américaine, établie en Espagne depuis quelques années, et guide de vélo. Nous avons pu rouler ensemble à quelques reprises et j’ai ainsi rencontré Anna, une catalane très impliquée dans le développement de la communauté de gravelle, via Les Girona Gravel Girls.

Une super expérience que de rouler avec une quarantaine de femmes catalanes ou de diverses origines, Australienne, Néerlandaise, Brésilienne, Américaine, Canadienne. Plusieurs se sont établies en Espagne pour leur amour du vélo et des températures plus clémentes. En joignant leur sortie mensuelle, j’y ai rencontré des femmes sympathiques et accueillantes.

LES JOIES DU VÉLO DE GRAVELLE

Encore une fois, j’ai été impressionnée de la versatilité du vélo de gravelle. On peut faire du vélo de montagne ou encore de la route, en plus de nous ouvrir accès à la campagne. À certains moments de mon périple, je me remémorais ma jeunesse où j’allais explorer en vélo de montagne, sans nécessairement aller dans des sentiers aménagés à cette fin.

J’aime pédaler et la liberté que me procure de partir chaque jour en vélo, sachant que je vais y découvrir de nouvelles routes, de nouveaux sentiers, de nouveaux paysages! Gérone est une ville fortifiée magnifique avec ses nombreux cafés, ses bike shops et ses automobilistes courtois. Située à 100 km de Barcelone, j’ai aussi pu visiter cette capitale catalane effervescente dans le même périple.

De ce périple, j’en retiens la simplicité, malgré l’aventure et les incroyables rencontres, malgré que je voyageais seule. Comme quoi le vélo est vraiment un langage international. C’est une passion commune qui nous rassemble peu importe nos origines.

Destination pas très dispendieuse, mes seules dépenses sur place ont été mes repas, mes verres de vin et de vermouth. Une vieille ville magnifique, où l’on peut tout y faire à pied.