Texte et photo par Véronique De Tonnancour | Photo couverture par Sophie Dufresne

NOUVELLE-ZÉLANDE : 4 COUPS DE CŒUR INCONTOURNABLES

Récit d'une aventure au bout du monde


Parcourir la planète pour s’évader au bout du monde est un rêve que je caressais depuis longtemps. La Nouvelle-Zélande déploie des milliers de kilomètres de sentiers de vélo entre mers, montagnes, lacs émeraude et sources thermales fumantes. Les échos enthousiastes des passionnés autour de moi m’ont convaincue d'y aller. À mon tour de donner la piqûre aux cyclistes férus de voyages en résumant 3 semaines de voyage en 4 coups de coeur.


1. OLD GHOST ROAD (O.G.R) – UN DÉFI D’ENDURANCE SANS PAREIL

La traversée de Old Ghost Road est une randonnée de 85 km dans le bush néo-zélandais du nord-ouest de l’île du sud. Elle mérite amplement sa réputation d’aventure mythique acquise auprès des amateurs de randonnées de longue durée. Même sans être un initié au bike packing, je recommande vivement de mettre la O.G.R. à son itinéraire pour vivre cette aventure hors du commun qui émerveille à chaque détour.

Ce sentier multisports sillonne une nature sauvage et spectaculaire entre forêts anciennes et rivières translucides. Il prend place sur un chemin de mine d’autrefois, ce qui est en fait un parcours étroit et relevé à plusieurs endroits, notamment à la mi-parcours où se succèdent les switchbacks les plus serrés rencontrés dans ma courte carrière de cycliste.

Cela dit, même si la O.G.R. garantit des émotions fortes, le niveau technique reste accessible à quiconque qui a les habiletés de parcourir un sentier étroit ponctué de quelques obstacles mineurs. Les sections les plus exigeantes sont celles qui sont exposées sur le sentier qui franchit la crête vertigineuse au point culminant au jour 1.

Par ailleurs, le long et très accidenté escalier casse-cou qui nous amène vers la descente au jour 2 ne laissera personne sur sa soif d’adrénaline également. Peu de cyclistes sont assez téméraires pour s’y aventurer sur deux roues (je ne le recommande pas !).

 

Si une expérience de vélo de montagne de niveau intermédiaire suffit à relever le défi technique de la traversée, il faut savoir que la logistique et la condition physique requise sont deux préalables à ne pas sous-estimer. En effet, même si les refuges sont généreusement équipés du nécessaire pour s’alimenter, dormir et se réchauffer, il faut être entièrement autonomes en rations alimentaires, en vêtements contre les intempéries, en literie, sans compter la mécanique vélo d’urgence.

Inutile de dire que la répartition du matériel sur le vélo ne se fait pas sans une bonne joute de tétris ! Je recommande d’ailleurs la stratégie qui consiste à en répartir le plus possible sur la « monture » et de garder le strict minimum dans le sac à dos pour ne pas compromettre le confort et la condition physique. Les plus cyclistes  expérimentés croisés sur le sentier arrivent à charger l’intégralité de leur matériel dans les sacoches de toutes les grandeurs fixées au cadre du vélo. Ingénieux.

Il faut aussi savoir que la randonnée s’ouvre sur une ascension longue de 30 km de montée continue quand on choisit le parcours recommandé du sud (Lyell) au nord (Seddonville). Cette première section est physiquement très exigeante en plus de constituer un bon défi de gestion du matériel comme nous sommes chargés à plein au départ. Prévoir un stock de collations additionnel pour suffire à la dépense énergétique ainsi qu’un système de vêtements multicouches pour faire aux variations météo.

7 CONSEILS UTILES :  

    1. Dormir à l’Auberge/restaurant Berlins Cafe & Bar avant le grand départ. Camp de base idéale pour préparer ses bagages et prendre des forces avant de se lancer.
    2. Réserver les nuitées dans les huttes au moins 1 mois en avance. La hutte Ghost Lake hut – la seconde sur votre parcours, au km 30) est très prisée des cyclistes et des marcheurs, peu importe la direction que empruntée.
    3. La site regorge d’informations utiles à la préparation. À consulter sans modération. La section « quoi apporter » est incontournable. Petit conseil d’amie en extra :  gougounes, chargeur sans fil, Benadryl…et bouchons pour enterrer les ronflements !
    4. Les « sand fly» (l'équivalent de nos brûlots québécois) sont omniprésentes tout au long du parcours. Elles sont très voraces. Le chasse-moustiques est un bon allié.
    5. Pluie pas pluie, le sentier a été fermé une seule fois en 30 ans en raison des intempéries. Bien se préparer à affronter la météo changeante en montagne.
    6. Puisque le trajet se traverse en mode allée simple, il faut prévoir une solution pour récupérer sa voiture à la sortie. Buller Adventures est un tour opérateur recommandable qui offre services de navette et de relocalisation de clés. 
    7. Ne pas hésiter pas à profiter des installations de l’auberge Rough and Tumble Bush lodge and Cafe, le point de chute final. Un havre de confort après 3 jours dans le bush. La douche en plein air est savoureuse et la bière froide sera la meilleure du voyage !

2. SKYLINE, QUEENSTOWN – PLEIN LES YEUX, PLEIN LA VUE

LA destination tape à l’œil de l’Ile du sud. On est presque étourdi par l’abondance d’attractions situées au sommet, à la sortie de la gondole. Un parc de descentes en plein centre-ville qui surplombe les terrasses des meilleurs restaurants et pubs. Oui, ça se peut ! À Queenstown tout est possible : un vértiable centre de vélo de luxe, des lignes de sauts gigantesques dessinées par des pros, des berms immenses et parfaitement léchés, des descentes épiques et rapides sur fond d’océan bleu azur. Tout ça dans une atmosphère animée de terrasse bondée et inondée de soleil.

Les tarifs pour emprunter la gondole sont variables, ce qui rend possible d’aménager sa journée en fonction d’un lot de remontées pour accommoder quiconque ne dispose pas d’assez de temps pour profiter d’une journée pleine. Comme les heures d’opération sont prolongées en saison haute, il est intéressant de savoir qu’on peut explorer la station de façon satisfaisante en 6 remontées sans avoir à assumer le prix d’une journée pleine.

 

Skyline Queenstown est un centre de vélo emblématique de la Nouvelle-Zélande qui offre le meilleur de ce qu’une montagne de descente a à offrir. Certaines pistes méritent sans contredit une mention d’honneur pour leur architecture et leur conception savantes. C’est un arrêt incontournable ! On ne peut pas en dire autant de sa petite sœur Skyline Rotorua. Si un choix s'impose, Skyline Queenstown est à choisir haut la main.

Le lot de remontées résiduelles, si non-utilisées la même journée, n’est pas transférable à Rotorua.

Lors de notre passage, nous nous sommes laissées porter sur le parcours suivant :

ITINÉRAIRE RECOMMANDÉ : 

    1. Un réchauffement dans Vertigo, un parcours de berms géants spectaculaires.
    2. Une fun ride dans Squid Run.
    3. Un circuit panoramique dans Upper Hammy’s ride, soit la « easy way down » qui se déroule autour de la montagne.
    4. Une descente de sauts dans Huck Yeah, suivie de Original.
    5. Une aventure dans l’arrière-pays jusqu’au chef-d’œuvre McNearlyGnarly qui promet de la haute-voltige ! Demander conseil aux locaux pour ce dernier trajet, puisqu’il implique un raccourci dans les sentiers de randonnée qui nous amène en dehors des balises de Trailforks. Le trajet implique une portion de hike a bike de même qu’une montée de 15 à 20 minutes dans Fernhill Loop. Malgré tout, on ne regrette pas cette montée !
    6. En prime, Salmon run dans le secteur enduro semble figurer parmi les descentes les plus appréciées des amateurs de descendes épicées. Bon à savoir !

3. ROTORUA – WHAKAREWEREWA FOREST

Rotorua est synonyme de vélo de montagne en Nouvelle-Zélande. Sa mythique Whakarewerewa forest est imprimée dans l’ADN ce pays.

Quiconque s’est renseigné sait déjà que cette destination est reconnue comme la mecque du vélo de montagne sur l’Ile du nord. Dès les premiers coups de pédale dans cet écosystème luxuriant de séquoias et d’arômes exotiques, nous sommes conquis. Destination enduro et cross-country  à mettre dans sa bucket list !

Sans guide, s’il s’agit d'une première visite dans la légendaire forêt de Rotorua, il faut absolument prévoir ses itinéraires, étudier les enchaînements, demander conseil à des ressources et se familiariser avec la carte de sentiers pour maximiser sa sortie.

Même si elle est envoutante, le réseau de 160km de la Whakarewerewa Forest s’avère un labyrinthe pour qui s’y aventure à l’aveugle.

La formule qui nous a semblé la plus avantageuse est celle qui consiste à se procurer une carte de 5 passages (50NZ$) donnant accès à la navette qui nous transporte entre la base, le stationnement principal, et le point de chute, le terminal, situé à mi-chemin du domaine roulable. C’est l’option qui permet de franchir le secteur cross-country qui ceinture le domaine.

La première navette mène au sommet de Hill road, la croisée des chemins de plusieurs sentiers de descente. De là, il est possible d'enchaîner les boucles entre le terminal et le sommet. Le chauffeur de la navette ou les locaux sont de bons alliés pour bâtir les combinaisons les plus optimales.

Témoin d’un monde ancien suspendu dans le temps, Rotorua regorge de sources thermales aux vertus relaxantes. Le Nord de l’île est riche d’activités thermales qui se déclinent en toutes sortes de manifestations naturelles surprenantes. Entre bassins aux couleurs flamboyantes, geysers fumants et bassins de boue bouillonnante, il ne manque pas d’options pour s'envelopper dans une chaleur apaisante et relaxer ses muscles de cycliste. Secret Spot a été notre coup de coeur pour une détente hors du commun.

quelques combos sur mesure : 

Trajet #1
Débuter dans National DH → Vers Corners → Rejoindre Matewa via la route forestière Hill road

Trajet #2
Débuter par Eagle ↑ Remontée par Apu Moana ↓ Descendre Tepaka ou Hot X buns au choix ↵ Revenir via Bunny jogs 1 et 2 (qui se suivent)

Trajet #3
Emprunter Tawa road → vers Tuhoto Ariki → vers Hatupatu → Transit par Moerangi road et Loop raod ↓ Descendre Riff Raff ↵ Revenir via chestnut road et ensuite Hill road vers la navette

Trajet #4
Huckleberry Houd → vers Te Mounga

 Éviter National DH après plusieurs jours de pluie consécutifs. Roulières (et fous-rires)  garanties !

4. CORONET PEAK – L’AUTHENTIQUE

Hors des sentiers battus, nous avons trouvé Coronet Peak. Niché dans les sinuosités d’une montagne de ski se cache un bijou bien préservé : Rude Rock ! Classé Grade 4, ce sentier long de 3 km situé à quelques 15km de Queenstown a la cote chez les amateurs de vitesse et d’adrénaline.

Malgré sa cotation élevée, les cyclistes de niveau intermédiaire sauront amadouer les quelques défis de dalles rocheuses qui jalonnent cette descente fluide et  totalement enivrante qui se perd entre le ciel et les montagnes qui dominent l’horizon.

Le secteur est très prisé des cyclistes locaux et ceux-ci sont généreux de bons conseils pour quiconque s’y initie pour une première fois. Plusieurs options de taxi-navettes sont offertes au départ de Queenstown si on veut s’éviter le segment de 3,6km sur la route d’accès Cornonet Peak jusqu'au centre de ski. Tputefois, le stationnement situé à la sortie du sentier Rude Rock est un excellent point de chute si 30 minutes de pédalage n'impressionne pas. L’effort sera largement récompensé!

La Nouvelle-Zélande a tout ceci à offrir, et bien plus encore ! Ces destinations phares ne sont qu’un mince aperçu des merveilles éblouissantes que réserve ce pays fascinant qui abrite un équilibre fragile qui nous transporte aux confins de la planète. Le voyage d'une vie, sans contredit. 

Quelques trucs de voyage pratiques

La location d’un vélo double suspension oscille autour de 85$ canadien par jour (journée pleine). Plusieurs forfaits sont offerts et incluent les protection et/ou la passe journalière.

Personnellement, j’ai préféré faire le voyage avec mon vélo pour plus de souplesse. Le sac de transport se loue dans la plupart des boutiques de vélo (5 $ par jour, selon les boutiques).

Prévoir entre 100$ et 200$ de frais de bagages pour acquitter les frais de bagage enregistré pour embarquer votre vélo. Voir la section « articles spéciaux » de la compagnie aérienne. S'informer des règles concernant le transport des batteries des vélos à assistance électrique.

Prendre du temps pour apprivoiser la méthode de montage et démontage de son vélo pour le transport évite son lot de stress.

Réviser ses couvertures d’assurance habitation de même que les avantages membres offerts avec ses cartes de crédit (perte/retard de bagages, assurance-voyage, salons détente dans les aéroports, etc.)

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