LE VÉLO DE MONTAGNE COMME PHYSIOTHÉRAPIE

Ariane Michaud-Rancourt, une cycliste sans compromis


Ariane chute souvent à vélo. Plus que la normale. Ce n’est pas qu’elle est maladroite, non. Elle a des vertiges. Après 3 ans d’enquête médicale, le verdict tombe l’automne dernier : elle souffre de la maladie de Ménière.


Début quarantaine, débordante de vitalité et ricaneuse, elle ne laisse rien transparaître de son état de santé. Ariane a choisi de ne laisser ni la maladie, ni les blessures freiner sa passion. Elle raconte son histoire.

Q1. LA MALADIE DE MENIÈRE, ÇA FAIT QUOI?

Étourdissement, perte d’équilibre, pression dans les oreilles, acouphène et perte d’audition. Même si ça ne parait pas tant ça de l’extérieur, je balance tout le temps, un peu comme si j’étais toujours sur un petit bateau. La météo et mon cycle menstruel influencent l’intensité de mes symptômes au quotidien, je n’ai pas de contrôle là-dessus! 

Le plus difficile à gérer, ce sont les crises. C’est imprévisible : ça arrive n’importe où, n’importe quand. C’est là mon principal défi. Je dois toujours être consciente que je pourrais être en train de rouler et commencer un vertige. 

Q2. COMMENT T’ADAPTES-TU EN VÉLO?

J’ai de la chance! Je sens les crises arriver. Ça me laisse le temps de m’arrêter. Mais ça se peut que je ne puisse pas retourner à l’accueil toute seule par contre (rires). 

Une fois à Burke Mountain, je voyais le stationnement, mais on a dû faire appel aux secouristes pour me descendre. 

Une crise peut durer quelques minutes ou quelques heures, mais ça prend des semaines ou des mois pour me rétablir complètement. Je reprends le vélo très graduellement une fois la crise passée. Les gens qui sortent avec moi doivent être patients! Je roule tranquillement, mais c’est surprenant comment mon équilibre revient vite.

Aussi, la perte d’audition donne une fausse impression des distances. Les arbres serrés dans les sentiers, c’est très challengeant (rires)!  Mes yeux compensent beaucoup pour mes oreilles. J’adore rouler de soir, mais je suis vraiment «slomo» parce que tout à l’air vraiment trop proche! 

Q3. TES MÉDECINS TE LAISSENT ROULER? 

Oui! Mes 2 ORL m’ont confirmé que le sport était bénéfique pour moi, même en sachant que mon sport est le vélo «de montagne» (rires). Ma mère, elle…  aimerait bien que j’arrête! C’est une relation difficile, mais cela m’aide tellement physiquement et mentalement.

C’est une excellente physiothérapie, ça pratique mon système vestibulaire. Par contre, si je me pousse trop lors d’une sortie, le lendemain, j'ai plus d’acouphènes et je dors vraiment beaucoup. 

Je dois m’écouter constamment et ne pas pousser ma luck. Je pratique ma passion à un coût énergétique, mais les bénéfices sont beaucoup plus grands que les pertes. 

Je n’ai pas l’intention d’arrêter parce que je suis malade, je veux continuer à progresser.

Q4 AS-TU ÉTÉ BLESSÉE SOUVENT? 

Quelques fois, mais pas vraiment à cause de mes vertiges! Plus souvent, c’était des erreurs de pilotage et d’inexpérience. La première saison, je me suis écrasée dans un saut après avoir pris un virage beaucoup trop vite. Genou et côtes endoloris, mais sans plus de dommage. À ma 2e saison, j’ai réussi à me casser le poignet le 1er juin! 

Q5. COMMENT S'EST PASSÉ TA RÉCUPÉRATION? 

Après une grosse blessure, il y a des hauts et des bas. Mais il y avait une peur bien présente quand j’ai recommencé à rouler. À certains endroits, je bloquais. J’ai pleuré dans des sentiers, pas parce que j’avais peur, parce que j’étais fâchée de ne pas faire ce que je me savais capable de faire. Tout le monde était super patient et compréhensif avec moi, mais je trouvais ça frustrant de voir mes amies s’améliorer alors que moi, je bloquais.

Q6. COMMENT AS-TU REPRIS CONFIANCE?

Ça a été difficile, mais j’y suis arrivée. D’abord, je me suis mise au fatbike. Tomber dans la neige, ça ne fait pas mal!  Puis, au début de la saison suivante, j’ai suivi un cours avec un coach. Je voulais investir sur moi, réduire mes craintes, me faire encourager par quelqu’un qui ne me connaissait pas. J’ai appris à évaluer les niveaux de risque. Mon début de saison a été plus lent, mais au final, j’ai fait de très gros progrès cet été là.

LES P'TITES VITES

NOUVELLE HABITUDE PRISE APRÈS UNE PÉRIPÉTIE DANS L'BOIS

Toujours rouler avec mon téléphone (pour appeler en cas de besoin) et une photo de ma carte d’assurance-maladie (c’est accepté).

LE SENTIER BONBON QUI TE MET LE SOURIRE DANS LA FACE

Food Monster à CMB, Trois-Rivières, Québec
Florence à Cady Hill, Stowe, Vermont.

TA VISION DU MTB

La forme physique est un effet secondaire de ma passion.

Universe of fire de Gloryhammer (1992)

«LA FORME PHYSIQUE EST UN EFFET SECONDAIRE DE MA PASSION.»

INTÉRESSÉE À DEVENIR COLLABORATRICE ?

Ariane compte parmi les collaboratrices de Filles de bois. Si, comme elle, tu veux partager ta passion du vélo de montagne ou que tu as des questions pour elle, écris-nous en commentaires ou par courriel.

Marie-Christine Daignault

Instructrice niveau 2 PMBIA, patrouilleur en ski hors piste et en vélo de montagne, fondatrice de Filles de bois et professionnelle des communications, j’arrive aujourd’hui à joindre mes passions dans un seul un projet.

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1 Comment to “ LE VÉLO DE MONTAGNE COMME PHYSIOTHÉRAPIE”

  1. Catherine says :Répondre

    Wow !! Rouler avec une maladie et ses défis j’adore !!! Ayant moi même quelques défis du a un trouble de santé neurologique lets go biking !! On prouve a la vie qu’elle n’aura pas le dessus et ca marche !! C’est le seul sport que je faisais a part la hike et course en sentiers, que j ai pu dealer avec le médecin car je lui ai dit que je calculais mes risques !! Haha

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