Textes et photos par Marie-Christine Daignault

NDLR: Ce texte a été rédigé en début de saison, tout juste avant l'accident qui a coûté la vie à François Allaire et Mélanie Guérin de Bikeshield Protection. François, à titre de partenaire des premières heures du Marin Wildside, a été interviewé pour le présent article. Nous estimons essentiel de publier son propos malgré son départ. C'est pour nous une façon de souligner l'immense apport de François et Mélanie dans l'industrie du vélo. Leur passion et leur engagement resteront un exemple pour nous tous. Avec respect xxx

SÉRIE MARIN WILDSIDE : SOUTENIR ET FAIRE GRANDIR LE VÉLO DE MONTAGNE

Une économie circulaire qui profite à tous


Les 3 et 4 juin dernier avait lieu la première course de la Série Marin Wildside, saison 2023, à Camp Fortune à Gatineau. C’était la première fois que j’assistais à une course d’enduro. On m’avait grandement parlé de la vibe exceptionnelle qui caractérise la série, cependant, j’ai été vraiment impressionnée par la quantité et la variété des cyclistes fébriles, mais prêts, à affronter les stages du redoutable réseau technique de l'Outaouais. 


À chaque course, ce sont près de 300 coureurs et coureuses entre 11 et 62 ans qui se réunissent le temps d’une fin de semaine pour livrer compétition. L’ambiance est à la camaraderie et ça fourmille:  les participants s’installent dans un camping improvisé, les partenaires montent leur tente, les bénévoles et les organisateurs s’affairent à préparer le terrain. En quelques heures se bâtit un village, une communauté.

Si tout roule aussi bien, c’est que l’organisation a quelques années d’expérience derrière la cravate.

« Lorsqu’on a commencé le projet en 2015, il fallait expliquer ce qu’était l’enduro, dit André Lecompte, cofondateur de la série Wildside et chef de marque chez Marin Bikes. On a d’abord réuni des acteurs ouverts, intéressés et engagés dans le développement du sport, dont, évidemment, les centres. »

« Je me rappelle exactement où j’étais lorsque j’ai eu la discussion avec André et Pierre-Luc sur le projet des courses d’enduro. Les gars avaient de la vision, ils voulaient amener l’événement vraiment loin. De notre côté, on commençait nos sentiers enduro dans le secteur Saint-Raymond et la discipline était à peine connue au Québec. Ils nous ont même aidé à réaménager Talayarde en vue de tenir la première course à Saint-Raymond », se souvient Frédéric Asselin, directeur général à la Coopérative Vallée-Bras-du-Nord.

Pierre-Luc Cartier et André Lecompte sont aux commandes des événements de la série Marin Wildside.

Cette vision, elle existe toujours. Pas question de stagner ! « Le sport est actuellement dans un sommet, ça n’a pas été comme ça et ça sera pas toujours comme ça. Si on veut assurer l’avenir du sport, il faut le faire évoluer sur différentes facettes, avec différentes saveurs », rappelle André. 

« De plus en plus, notre volonté est d’offrir aux coureurs élites du Québec des parcours qui les préparent aux séries américaines ou de l’ouest canadien. Avec l’évolution du vélo de montagne au Québec, je crois que nous sommes rendus à développer des sentiers où l’élite pourra se pratiquer et se démarquer », souligne Pierre-Luc Cartier, cofondateur de la série Wildside.

Malgré cette vision ambitieuse, l’événement reste un événement de masse. « Tu n’as pas besoin d’être un coureur pour participer à une course. On voit ça comme un événement de vélo de montagne. Nous avons le souci de proposer des stages intéressants, pour les participants inscrits dans les catégories Sport jusqu’à Élite. Notre ligne directrice a toujours été que tout le monde passe une bonne journée. Je pense qu’on réussit bien », explique Pierre-Luc.

Organiser une course enduro ouverte à un public aussi large est tout un casse-tête. Pour chaque centre, l’équipe va sur le terrain et recherche des parcours variés, accessibles, tout en maintenant un bon niveau de défi, selon les catégories. Ce n’est pas toujours évident de trouver tout ça dans le même réseau. 

Sur la ligne de départ, on voit des visages - souriants - de tout âge et de tout horizon. 

CONTRIBUER AU DÉVELOPPEMENT DU SPORT

La Série Marin Wildside est au départ une histoire de passionnés de vélo de montagne. Pour soutenir et développer la communauté, l’organisation a choisi de s’associer à des partenaires alignés sur leurs valeurs, leur ambition et leur vision du sport, à commencer par Marin Bikes.

« La marque a choisi de faire du marketing de communauté, c’est-à-dire de faire une différence sur le terrain en apportant des bénéfices aux communautés, explique André. Ce n’est pas toujours facile, ça demande de la présence et bien du jus de bras. Mais à long terme, c’est bon pour tout le monde. On veut redonner à la communauté et construire avec les cyclistes. »

Chaque décision est prise dans cette optique. « On fait toujours le maximum pour respecter les exigences des centres pour laisser le moins d’impact possible dans le réseau. On tient en compte de la fragilité des sentiers et on s’assure de tout remettre en ordre avant de quitter. Cela va jusqu’à limiter au minimum l’utilisation des rubans de course afin de réduire notre impact écologique », mentionne Pierre-Luc.

« Comme gestionnaire de centre, on cherche des promoteurs autonomes et respectueux de nos façons de faire, renchérit Frédéric Asselin. La gang du Marin Wildside s’occupe de tout : les parcours, mettre et enlever la signalisation, la sécurité, l’animation et même la réparations des sentiers si jamais il y avait des dommages. »

S’ENTRAIDER : UNE ÉCONOMIE CIRCULAIRE

Marin Wildside est la seule série de courses qui remet des bourses en argent au Québec. Ce sont quelque 17 000 $ qui ont été remis à notre communauté en 2022. Assez exceptionnel, faut-il souligner. « Certains coureurs font la série de façon compétitive et se battent pour le cumulatif de fin de saison. C’était important pour nous de soutenir ces coureurs-là financièrement », dit Pierre-Luc.

Pour cela, il faut des partenaires pour soutenir l’événement. « Il y a plein de petites entreprises qui font des pieds et des mains pour supporter le sport. Travailler ensemble amène une dynamique forte où tout le monde avance dans la même direction», remarque André en soulignant combien c’est bien d'assister aux courses et d’encourager les entreprises qui supportent la série.

François Allaire, copropriétaire de Bikesheild Protection, a lancé son entreprise dans les mêmes années que le Wildside a commencé à organiser des courses. « À l’époque, les courses d’enduro étaient la nouvelle affaire. Je voulais être là, se souvient-il. De fil en aiguille, les gars m’ont permis de me joindre aux commanditaires: ç’a été mon premier engagement officiel en tant que jeune entreprise. »

Partenaire et coureur, François considère que la série a fait évoluer le sport d’enduro au Québec. « Personnellement, il me reste peut-être quelques années à courir, mais je vais continuer de les suivre à titre de partenaire. »

« Marin Bikes est la première compagnie de vélo qu’on a fait entrer lorsqu’on a ouvert notre boutique en 2009, souligne Patrick Lacroix, propriétaire de Vélo La Shop à Gatineau en Outaouais. Lorsque les courses du Wildside ont été créées, ça allait de soi qu’on embarque à fond ! Depuis le début, on offre la main d'œuvre pour la mécanique neutre gratuitement aux participants lors des courses qui se déroulent dans notre région. C'est notre contribution pour soutenir les coureurs qui payent déjà leurs frais d’inscription, de déplacement, de logement, etc. ».

François Allaire de Bikeshield Protection et Patrick Lacroix de la boutique Vélo La Shop en Outaouais sont des partenaires des premières heures de la série Marin Wildside.

Avec les années, les courses ont permis de faire découvrir plusieurs réseaux pour le vélo de montagne du Québec. « Ces événements-là amènent une plus-value dans la région pour le développement, l'entretien et la découverte de nos sentiers, pour les cyclistes et les entreprises locales, remarque Patrick Lacroix. Ça crée une économie circulaire. Les cyclistes réalisent quelle compagnie fait quoi dans leur région pour développer le sport. »

 

Même son de cloche du côté de Frédéric Asselin, ce genre d’évènement amène beaucoup de visibilité pour mousser la destination ou simplement amener une nouvelle clientèle à découvrir les sentiers. « La Vallée Bras-du-Nord est une organisation très fidèle à ses partenaires lorsqu’il y a des valeurs communes. L’organisation est autonome, bien structurée, bien organisée. Ils ont commencé petit, ils ont fait leur classe et maintenant, la série est plus populaire que jamais. »

**BÉNÉVOLES RECHERCHÉS**

Donner de son temps, une journée ou une couple d’heures, est une belle façon de s'engager dans le milieu et de redonner à la communauté. Il y a beaucoup d’investissement personnel dans notre sport, si certains donnent du temps en entretien de sentier, pourquoi ne pas essayer d’aider lors d’une course ?

LES PROCHAINES COURSES

Pour voir ou pour participer !

26-27 août MONT-SAINTE-ANNE à Québec (complet)

23-24 septembre MONT LAC-VERT au Lac-Saint-Jean (places disponibles)

 

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