Texte et photos par Marie-Ève Coutu

ROULER EN SOLO: LES BONNES PRATIQUES

Profiter sans risque d'une sortie en forêt


Déjà quand j’étais petite, je partais souvent seule en forêt. Je n’avais peur de rien. Encore aujourd’hui, j’adore ces bains de nature entourés de vert, de vent et d’odeurs enivrantes pour y pratiquer mes activités préférées. Récemment, alors que j’avais un 30 minutes à « tuer », j’ai décidé d’aller rouler en solo en vélo en montagne. Durant la dernière montée, j'ai dégringolé dans le fond d’une coulée. J'ai frappé ma tête contre un arbre. Personne ne savait où j’étais.


J’ai grandi en Abitibi, sur les rives du lac Beauchatel dans une maison au pied de la colline Kékéko (épervier en algonquin) à 10 minutes du centre-ville de Rouyn-Noranda. Entourée d’arbres et d’animaux, j’ai grandi un peu comme un Mowgli moderne dans le Livre de la jungle. Mes meilleurs amis étaient les animaux avec lesquels je cohabitais dans cette nature époustouflante qui m’entourait.

Toute ma vie, je me suis promenée seule : en canot, en vélo, en ski, à pied.  Bien sûr, j’ai depuis pris en maturité et je pars un peu mieux préparée et organisée. Mes  aventures sont souvent de courtes durées et improvisées.  J’ai travaillé 20 années sur la base militaire de Valcartier où, à presque tous les midis, j’allais au mont Castor pour courir, skier, marcher ou rouler.

Ce vendredi-là, j’avais besoin d’un de ces moments thérapeutiques. Comme toujours, je suis prudente malgré l’énergie qui m’habite. Comme l’article de la Lancée le décrit, j’étais dans la phase du printemps de mon cycle où les hormones font que l'humeur et l'énergie jouent au yoyo !

Je monte avec énergie et je descends avec un bon contrôle, dans le plaisir. Dernière montée : je suis à vitesse lente, perdue dans mes pensées, distraite et rêveuse. Je roule un peu trop près d’un ravin et je glisse. J’ai beau essayer de ramener le vélo sur la piste en regardant la piste -  du bon côté – mais en vain. Je tombe. Je sais que je vais débouler. Je me mets en mode « Jello » pour dévaler le ravin le plus doucement possible.

Durant ma roulade, le derrière de mon casque fracasse un arbre, lui, le petit et le seul, sur mon chemin. J’entends un franc craquement comme une branche qui se casse. C’était ma nuque. 

Je respire. Je me calme. Je mets en branle le mode premiers soins. Je suis toute croche, comme une poupée de chiffon, mais je ne veux assurément pas bouger. Par chance, j’ai appliqué du chasse moustiques.  Je note que je suis dans un ravin assez profond : personne ne peut me voir d’en haut. J’avais omis de dire à quelqu’un où j’allais.

Je place toujours mon cellulaire dans ma poche de taille qui s’ouvre avec un velcro. Sans bouger, j’arrive à le saisir et j’appelle au numéro d’urgence, préalablement enregistré dans mes contacts, du centre où je suis. Je dois donner ma localisation avant d’une éventuelle perte de conscience.

Cette histoire finit bien : un sauvetage organisé, une visite à l'hôpital et quelques inquiétudes ( j'ai dû porter le collier cervical pendant plus de 5 heures avant d'être rassurée). Finalement, ouf !,  aucune fracture. Juste de la douleur et une bonne réflexion : « et si ? et si ? »

QUOI FAIRE POUR SE PRÉPARER À UNE EXPÉDITION EN SOLO DE COURTE DURÉE?

Durant ma convalescence, puisque je veux continuer à m’aventurer seule en forêt, j’ai pris le temps de me pencher sur cette question qui me trottait dans la tête. Après quelques recherches auprès de professionnels, voici ce que je retiens de cette mésaventure.

/// PRÉPARER SA SORTIE

  • Savoir s’il y a du réseau dans le secteur
  • Connaître le protocole du centre visité et enregistrer le numéro pour les urgences dans son cellulaire
  • Réfléchir à un itinéraire, respecté et adapté à son état physique et psychologique du jour (oui, un peu moins de spontanéité)
  • Partager cet itinéraire à un proche, en précisant l’heure de départ et de retour, même si c’est une courte sortie de 30 minutes.
  • Appliquer du répulsif à moustique avant de partir

/// AMENER LE BON MATÉRIEL

  • Amener un cellulaire chargé et disposé dans un endroit facile d’accès par moi-même
  • Garder un sifflet facile d’accès
  • Prévoir une trousse de premiers soins et de réparation de base
  • Avoir de l’eau et des collations

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/// CONNAÎTRE LES PREMIERS SOINS D’URGENCE

Avoir une trousse, c’est bien. Savoir quoi faire est encore mieux. Bien connaître le protocole d’urgence aide à se calmer et prendre les choses en main, sans paniquer.

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/// INSPECTER SON MATÉRIEL

Après une chute sans conséquence, d'où on peut se relever et repartir, on se doit :

  • Prendre une pause, le temps de ressentir d'éventuelles douleurs, puis faire une inspection visuelle de son corps
  • Inspecter son vélo (guidon, jeu de direction, manettes de freins etc...)
  • Inspecter son casque pour voir s'il y a eu un impact à la tête. On cherche des bosses à l'extérieur, mais, surtout, on observe l'intérieur puisque c'est cette partie qui se brise ou s'écrase à l'impact.

Après inspection, j'ai découvert que le matériau intérieur a fait son travail et a fendu sous l'impact. Suite à cette chute, je dois changer mon casque.

Sans devenir fou, être conscient du risque et faire le minimum pour partir de façon sécuritaire ne coûte pas cher. Un accident bête est imprévisible, se produire dans un sentier facile (ou une montée) et s’avérer grave quand même.

BON À SAVOIR: Vélo-Québec propose une boite à outils complète pour le vélo de montagne.

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